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HISTOIRE DU CANADA

amendement douze mois avec les arrérages. MM. LaFontaine, Papineau, Taschereau, Drolet, Rodier, Berthelot parlèrent contre l’amendement ; MM. Power, Caron, DeBleury pour. « Par suite de l’injonction du parlement impérial, dit M. Vanfelson, le secrétaire colonial a commencé à remplir sa mission de réforme, et quoiqu’il n’ait pas remédié efficacement à tous les maux, je crois pouvoir démontrer si l’on veut discuter et juger sans passion qu’il a déjà fait beaucoup. Plusieurs griefs ont été réparés ; un grand nombre d’autres sont en voie de l’être. Qu’on relise les 92 résolutions et on verra que déjà 9 ou 10 des griefs énoncés ont cessé d’exister, et lord Aylmer que nous avions accusé d’avoir violé les droits et les privilèges de cette chambre a été rappelé. » L’orateur passant ensuite aux dissensions entre la chambre et le conseil, ajouta que l’Angleterre avait envoyé la commission pour constater qui avait tort et qui avait raison, et que quant à la plainte faite contre le choix de militaires pour gouverner le pays, on y avait fait droit, puisque lord Gosford ne l’était pas. Il fallait donner le temps aux commissaires d’achever leur enquête, et imiter O’Connell qui se relâchait de ses prétentions dans certaines circonstances. M. LaFontaine prenant la parole, observa que dans sa revue des griefs, le préopinant avait été obligé d’avouer que les principaux, ceux qui avaient provoqué les 92 résolutions, existaient encore ; que lord Gosford n’avait d’autre mérite auprès de l’assemblée que ses promesses, qu’il n’avait encore rien exécuté, et que si l’on voulait adhérer strictement aux principes, on ne devait pas voter de subsides du tout.

M. Papineau se leva enfin et parla pendant plusieurs heures. C’était à lui à soutenir la position prise par le parti populaire dans les 92 résolutions ; il en était le véritable auteur, il y avait résumé l’esprit et les doctrines de l’opposition canadienne depuis plusieurs années. Le sort de ses compatriotes y était attaché. Orateur énergique et persévérant, M. Papineau n’avait jamais dévié dans sa longue carrière politique. Il était doué d’un physique imposant et robuste, d’une voix forte et pénétrante, et de cette éloquence peu châtiée mais mâle et animée qui agite les masses. À l’époque où nous sommes arrivés il était au plus haut point de sa puissance. Tout le monde avait les yeux tournés vers lui, et c’était notre personnification chez l’étranger