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HISTOIRE DU CANADA

comme disait le Canadien. Tout président de la chambre qu’était M. Papineau, c’est lui qui dirigeait la politique de la majorité.

« Nous sommes, dit-il, à voir s’il y a dans la situation politique du pays des circonstances nouvelles qui puissent justifier la conduite de ceux qui semblent déserter la cause de la patrie, qui se séparent de cette immense majorité de leurs concitoyens qui ont directement approuvé et ratifié sur les hustings la conduite des membres qui ont voté les 92 résolutions. Dans cette grande discussion, il ne faut pas considérer lord Gosford, mais il faut considérer les principes. Nous sommes en lutte contre un système colonial qui, tel qu’il nous est expliqué par lord Glenelg, contient dans son essence les germes de tous les genres de corruption et de désordre ; nous sommes appelés à défendre la cause et les droits de toutes les colonies anglaises. Le même génie malfaisant qui jetait malgré elles les anciennes colonies dans les voies d’une juste et glorieuse résistance, préside à nos destinées. Il a inspiré les instructions de la commission, qui changent nos relations avec le gouvernement, qui détruisent le titre qu’il avait à la confiance des représentans du peuple. Elles renferment un refus formel de faire aucune attention aux plaintes du Haut et du Bas-Canada. La commission au lieu de puiser ses renseignemens auprès des autorités constituées du pays, est décidée à prendre pour base de ses déterminations les opinions de la minorité, de cette minorité turbulente et factieuse, disait-il, dans une autre occasion, qui ne cherche qu’à se gorger aux dépens d’une population qui lui a offert un refuge. On veut dominer là peu de mois auparavant on ne cherchait qu’un asyle, qu’une patrie. Au milieu de nous cette minorité se pavane de sa supériorité et de ses prétentions exclusives. Nous n’avons pas un gouvernement de droits égaux, mais de favoritisme. Les mignons de l’administration accaparent au préjudice de la population entière tous les avantages du pays. L’estime et la confiance de la majorité les font crier contre l’usurpation et la nationalité, comme s’il était juste d’avoir versé son sang pour se voir dégradé, exploité, dépouillé par et pour la minorité. De telles prétentions pourtant se font entendre journellement à un degré dont même l’Irlande n’offre pas d’exemple, dans le temps où ceux qui trahissaient sa