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HISTOIRE DU CANADA

gouvernement, et les Canadiens à Québec, à Montréal, à Berthier, à la Rivière-Ouelle, à Kamouraska, à Lotbinière, à Portneuf, à Champlain, aux Trois-Rivières et dans presque tous les comtés du pays lui présentèrent des adresses et se rallièrent à lui.

Jusque-là, la plupart des gens de la campagne surtout pensaient que l’agitation à Montréal finirait par s’apaiser. Mais loin de là, elle commençait à dégénérer en scènes de troubles inconnues jusqu’ici dans le pays. On donna des charivaris à quelques hommes impopulaires ; on fit des menaces en différens endroits, qui fournirent un prétexte pour donner des armes aux hommes fiables afin d’assurer le maintien de l’ordre, sans que ces précautions empêchassent les partisans de la chambre de tenir à St.-Charles, le 23 octobre, une grande assemblée des habitans des comtés de Richelieu, St.-Hyacinthe, Rouville, Chambly et Verchères, auxquels se joignit le comté de l’Acadie et qui prirent le nom de confédération des six comtés. Il y avait une centaine de miliciens sous les armes commandés par des officiers destitués. On y voyait une foule de drapeaux avec diverses inscriptions. « Vive Papineau et le système électif. » « Honneur à ceux qui ont renvoyé leurs commissions ou ont été destitués. » « Honte à leurs successeurs. » « Nos amis du Haut-Canada. » « Honneur aux braves Canadiens de 1813 ; le pays attend encore leur secours. » « Indépendance. » Le conseil législatif était représenté par une tête de mort et des os en croix.

Le Dr. Nelson, de St.-Denis, fut appelé au fauteuil. Il y assistait une douzaine de membres de la chambre. MM. Papineau, Nelson, L. M. Viger, Lacoste, Côte, T. S. Brown et Girod prirent la parole. On y fit une espèce de déclaration des droits de l’homme. M. Papineau qui commençait à s’apercevoir qu’on allait plus loin qu’il était prudent de le faire, prononça un discours qui mécontenta les esprits les plus ardens. M. Chasseur qui y assistait, s’en revint à Québec tout désappointé de la timidité du chef canadien. Il recommanda de s’abstenir de prendre les armes. La seule résistance constitutionnelle et le meilleur moyen de combattre l’Angleterre, c’était de ne rien acheter d’elle,[1]opinion qui déplut au Dr. Nelson, qui s’avança et déclara

  1. Le Dr. O’Callaghan m’écrivait d’Albany, le 17 juillet 1852. “ If you are to blame the movement, blame then those who plotted and contrived it