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HISTOIRE DU CANADA

dalisé par un procès déshonorant intenté à ce serviteur zélé, avait persisté à le retenir à son service ; il était parti, disait-il, pour aller voir M. Papineau aux États-Unis, non comme envoyé de l’administration, mais comme ami de sir William Molesworth et de M. Leader aux noms desquels il le priait de lui donner une lettre pour le chef canadien, espérant voir résulter beaucoup de bien de cette entrevue. Il dit encore à M. Cartier, en passant à Burlington, que lord Durham, M. Buller et M. Turton étaient tous amis de ses compatriotes. Cet émissaire ne put voir cependant M. Papineau. À son retour il se trouva à des entrevues entre M. Buller et M. LaFontaine où l’on parla de l’ordonnance touchant les exilés et de la constitution. Plus tard, après le désaveu de l’ordonnance par les ministres, d’autres affidés cherchèrent à engager plusieurs Canadiens à convoquer des assemblées publiques en sa faveur sans succès.[1]

Tout cela se faisait autant que possible à l’insu du parti anglais, avec lequel on tenait un autre langage.

On trouve peu de faits plus honteux dans l’histoire, que la conduite de tous ces intrigans cherchant à tromper un peuple pour qu’il aille se précipiter de lui-même dans l’abîme. Après avoir cherché à surprendre la bonne foi des Canadiens sans succès, retournés en Angleterre, ils les calomnient pour appuyer le rapport que lord Durham faisait sur sa mission. Après avoir passé des heures et des jours entiers dans leur société, en se donnant pour leurs amis, ils déclarent publiquement,[2] dans les journaux de Londres, qu’ils avaient été trompés et aveuglés ; que les malheureux Canadiens ne méritent aucune sympathie, et qu’ils prennent cette voie pour les désabuser sur les sentimens de l’Angleterre à leur égard. Ceux qui les ont reçus avec bienveillance comme M. LaFontaine et quelques autres, sont dépréciés et peints comme des hommes d’une intelligence bornée, sans éducation, sans lumières, aveuglés par d’étroits préjugés. On rougit en exposant de pareilles bassesses.

Dans le même temps, des rapports intimes s’établissaient entre

  1. Lettre de M. LaFontaine au rédacteur de l’Aurore. Montréal, 17 janvier 1839. 1838.
  2. Lettre de E. G. Wakefield au London Spectator. Londres, 22 novembre 1838.