Aller au contenu

Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
299
HISTOIRE DU CANADA

pays. Le même jour il répétait ce qu’il disait dans sa proclamation dans la réponse qu’il faisait aux Anglais de Québec : « Je ne retourne pas en Angleterre par aucun sentiment de dégoût pour le traitement que j’ai personnellement éprouvé dans la chambre des Lords. Si j’avais pu être influencé par de pareils motifs, je me serais rembarqué dans le vaisseau même qui m’avait amené ici ; car le système de persécution parlementaire auquel je fais allusion, commença du moment que je laissai les rives d’Angleterre.

« Je m’en retourne pour les raisons suivantes et ces raisons seulement. Les procédés de la chambre des Lords, auxquels le ministère a acquiescé, ont privé le gouvernement de cette province de toute considération, de toute force morale. Ils l’ont réduit à un état de nullité exécutive, et l’ont assujetti à une branche de la législature impériale… En réalité et en effet, le gouvernement du Canada est administré maintenant par deux ou trois pairs de leurs siéges en parlement…

« Dans ce nouvel état de choses, dans cette anomalie, il ne serait ni de votre avantage, ni du mien que je restasse ici. En parlement, je puis défendre vos droits et vos vœux, et exposer ce qu’il y a d’impolitique et de cruel dans des procédés qui, en même temps qu’ils ne sont que trop attribuables à l’animosité personnelle et à l’esprit de parti, sont accompagnés d’un danger imminent pour le bien être de ces importantes colonies et la permanence de leur alliance avec l’empire. »

Il s’embarqua pour l’Europe avec sa famille le 1 novembre, en laissant les rênes du gouvernement entre les mains de sir John Colborne, et en disant aux imprimeurs anglais : « Je déplore que votre exemple patriotique n’ait pas été suivi par d’autres, (les imprimeurs canadiens)… Engagés dans la tâche coupable de fomenter d’anciens abus et d’anciens préjugés, et d’enflammer des inimitiés nationales, ils paraissent oublier la ruine et le malheur certains auxquels ils exposent une population crédule et malheureusement trop disposée à prêter l’oreille à leurs conseils insidieux. S’ils réussissent à produire ce déplorable résultat, c’est sur eux qu’on reposera la terrible responsabilité et ils mériteront les plus durs châtimens. »

Pendant que ce langage mettait en défiance de plus en plus les