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HISTOIRE DU CANADA

mécontens, les réfugiés aux États-Unis et les Américains qui sympathisaient avec eux, et qui répandus sur la frontière du Haut et du Bas-Canada, passèrent l’été en allées et venues, en profitèrent pour organiser une invasion et un nouveau soulèvement dans les deux provinces à la fois. Ils tinrent des assemblées à Washington, à Philadelphie et ailleurs, où parut le Dr. Robert Nelson, le frère de celui qui commandait les insurgés à St.-Denis, pour exciter la sympathie des Américains et obtenir des secours. Ils se réunirent à New-York, à Albany et dans quelques villes des frontières et réussirent à entraîner en multipliant les mensonges quelques Canadiens du district de Montréal. Dès avant le départ de Lord Durham, l’exécutif était informé que dans la ville seule de Montréal plus de 3000 hommes s’étaient liés par des sermens secrets à prendre les armes ;[1] c’était une grande exagération, mais ce rapport n’était pas complètement inexact, car au commencement de novembre, des soulèvemens partiels eurent lieu sur plusieurs points de la rivière Richelieu, à Beauharnais, à Terrebonne, à Chateauguay, à Rouville, à Varennes, à Contrecœur, et dans quelques autres paroisses, tandis qu’un corps d’Américains et de réfugiés pénétrait en Canada sous les ordres du Dr. Nelson et prenait possession du village de Napierville. Sir John Colborne qui s’y attendait, assembla aussitôt le conseil spécial, proclama la loi martiale, arma les volontaires, fit arrêter toutes les personnes suspectes, puis marcha avec 7 à 8 mille hommes, soldats, miliciens et Sauvages venant de différens points, sur le pays insurgé où tout était déjà rentré dans l’ordre quand il y arriva.

Les hommes qui devaient prendre part au soulèvement n’ayant point de fusils ni de munitions, s’étaient armés de piques et de bâtons. Plusieurs s’étaient dirigés, un sac seulement sur le dos, vers les points où on leur avait dit qu’ils trouveraient tout ce qui leur fallait ; mais n’y trouvant rien, ils étaient presque tous rentrés dans leurs foyers ou retournés aux États-Unis d’où ils venaient, de sorte qu’au bout de quelques jours tout était rentré dans l’ordre avec à peine la perte de quelques hommes.

Sir John Colborne n’eut qu’à promener la torche de l’incendie. Sans plus d’égard pour l’innocent que pour le coupable, il

  1. Lettre de sir John Colborne au marquis de Normanby, 6 mai 1839.