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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/33

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HISTOIRE DU CANADA.

pour les recueillir, si peu générales ; mais son amendement fut écarté, la majorité ne pensant pas qu’il fut de sa dignité de donner des explications à ce sujet. Les Canadiens du reste se rappelaient que le gouvernement n’avait pas pris tant de précaution contre les révolutionnaires américains à la suite des événemens de 75, quoique le danger fût bien plus imminent. Mais ils ne purent plus avoir de doute lorsqu’ils virent ceux qui n’avaient jamais cessé de chercher à les dominer, oubliant leurs écarts de 75, commencer à se donner le nom de « loyaux » par excellence et de donner aux Canadiens celui de « rebelles. » Ce machiavélisme sur lequel l’Angleterre ferma complaisamment les yeux, a duré jusqu’à nos jours qu’il a été flétri par lord Durham et par lord Sydenham. Il paraît que l’esprit de querelle qu’on venait de voir éclater entre le dernier gouverneur et son conseil, se répandit jusqu’aux chambres. L’assemblée montra dans cette session moins de calme et d’unanimité que de coutume. La question des biens des jésuites et une question de privilèges touchant un membre condamné pour escroquerie à une sentence emportant flétrissure, et qu’elle voulut exclure de son siège, excitèrent de vifs débats, dans lesquels les deux partis manifestèrent la même ardeur que dans les discussions de 92 sur l’usage de la langue française.

La question des biens des jésuites étaient d’une bien plus haute importance. Le dernier membre de cette société religieuse, le P. Casot, venait de mourir. Sa mort fournit une nouvelle occasion de réclamer les biens de son ordre pour les conserver à leur destination primitive. Lorsqu’un membre, M. Planté, voulut en faire la proposition, M. Young, l’un des conseillers exécutifs, se leva et annonça qu’il était chargé de déclarer que le gouverneur avait donné les instructions nécessaires pour en faire prendre possession au nom de la couronne. On affectait alors ce ton de commandement absolu, et l’on aurait cru déroger en donnant les motifs de ses résolutions. Celle du gouverneur pourtant était fondée sur des instructions récentes et sur d’autres plus anciennes données à lord Dorchester et qui lui enjoignaient de supprimer cette société et de prendre possession de ce qu’elle avait pour en faire l’usage que la couronne jugerait à propos plus tard. De grands débats s’élevèrent sur la proposition de M. Planté, qui fut