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CHAPITRE II.



ADMINISTRATION DE SIR JAMES CRAIG.
1801-1811.

Élections de 1800. — Institution royale. — Principe de la taxation. — La nationalité canadienne. — Établissement du Canadien. — Affaire de la Chesapeake. — Situation de nos relations avec les États-Unis. — Premières difficultés avec cette république. — Arrivée de sir James Craig en Canada. — Ordre militaire. — Proclamation politique. — Ouverture des chambres. — Projet de loi pour exclure les juges de l’assemblée. — M. Bedard et autres officiers de milice cassés. — Ministère responsable. — Dissolution du Parlement. — Discours insultant de Craig. — Les idées du Canadien sur la constitution et la responsabilité ministérielle. — Subsides. — Agent à Londres. — Exclusion des juges de la chambre. — Dissolution subite du parlement. — Saisie du Canadien et emprisonnement de M. Bedard, Taschereau et Blanchet. — Proclamation du gouverneur. — Élection. — Ouverture des chambres. — Élargissement des prisonniers. — Affaires religieuses. — Entrevues de sir James Craig et de M. Plessis au sujet de l’église catholique. — Nomination des curés par le gouvernement. — Fin de l’administration de Craig.


De 1800 à 1805 il y eut un instant de calme. L’élection de 1800 porta à la chambre quatre conseillers exécutifs, trois juges et trois autres officiers du gouvernement, ou le cinquième de la représentation. C’était une garantie de sa soumission. Aussi dès que la législature fut réunie, s’empressa-t-elle de renouveler l’acte pour la sûreté du gouvernement et de sanctionner par une loi l’établissement de « l’Institution royale » destinée à servir de base dans l’esprit de ses auteurs, à l’anglification du pays par un système général d’instruction publique en langue anglaise. Cette loi mettait l’enseignement entre les mains de l’exécutif. Le gouvernement nommait les syndics et le président qui devait diriger, sous son véto, cette importante administration ; il désignait les paroisses où l’on devait ouvrir des écoles et nommait les instituteurs. L’évêque protestant en étant appelé à la présidence tua le projet dès son début, malgré l’argent que l’on vota pendant plusieurs années pour le maintenir. Les Canadiens qui ne voulaient abjurer ni leur langue, ni leurs autels, finirent par le repousser à l’unanimité ; et il ne servit pendant un quart de siècle qu’à mettre obstacle à un système plus en harmonie avec leurs vœux.