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HISTOIRE DU CANADA.

à parvenir au pouvoir. Le moment paraissait enfin arrivé où il allait voir ses espérances couronnées de succès et obtenir la majorité au congrès. L’Angleterre était dans le fort de la guerre en Espagne, et Napoléon, qui était maintenant en bonne intelligence avec la république, s’élançait dans cette campagne de Russie où il devait gagner ou perdre le sceptre du monde. Animés par ces grands événements, une ardeur toute militaire s’empara des Américains et le cri aux armes retentit dans une grande partie du pays. Le congrès s’émut ; le capitole retentit des plaintes et des griefs que l’on reprochait à la dominatrice des mers. Des discours véhéments excitèrent la lenteur craintive des agriculteurs et des marchands ; des orateurs et des journaux annoncèrent que la guerre proclamée, le gouvernement américain n’aurait qu’à ouvrir les bras pour recevoir le Canada retenu malgré lui sous le joug d’une métropole européenne, et que les habitans attendaient avec impatience l’heure de leur délivrance. « Le moment, disait le message du président, M. Maddison, en 1811 au congrès, exige des gardiens des droits nationaux un ensemble de dispositions plus amples pour les soutenir. Malgré la justice scrupuleuse, la grande modération et tous les efforts des États-Unis pour substituer aux dangers nombreux que court la paix des deux pays, nous avons vu que le cabinet anglais non seulement persiste à refuser toute satisfaction pour nos torts, mais veut encore faire exécuter jusqu’à nos portes des mesures qui dans les circonstances actuelles ont le caractère et l’effet de la guerre contre notre commerce légitime. En présence de cette volonté évidente et inflexible de fouler aux pieds les droits qu’aucune nation indépendante ne peut abandonner, le congrès sentira la nécessité d’armer les États-Unis pour les mettre dans cette situation que la crise commande, et pour répondre à l’esprit et aux espérances de la nation. »

Après avoir mis un embargo sur tous les vaisseaux qui se trouvaient dans leurs ports, les deux chambres passèrent une loi pour déclarer la guerre à la Grande-Bretagne. Tous les préparatifs de guerre étaient pour ainsi dire à faire. Il n’y avait ni armée, ni généraux, ni matériel. Il fallait tout former et tout organiser avec hâte et précipitation. Malgré l’enthousiasme apparent, les républicains américains n’avaient point alors plus qu’aujourd’hui