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HISTOIHE DU CANADA.

cement de janvier avec 800 hommes pour la rivière des Miamis, d’où il en détacha une partie pour Frenchtown, 30 milles plus loin. Ce détachement rencontra un corps d’Anglais et de Sauvages qu’il repoussa et prit possession du village. En apprenant ces mouvemens, le général Proctor qui était à Malden, résolut aussitôt d’attaquer ce corps avancé avant qu’il eût été rejoint par le reste de l’armée américaine, qui marchait à trois ou quatre jours de distance. Il réunit 1100 hommes, dont 600 Indiens, parut tout-à-coup devant Frenchtown le 22 janvier, et sans donner aux ennemis le temps de se reconnaître, les attaqua au point du jour avec la plus grande vigueur. Les Américains retirés dans les maisons se défendirent longtemps soutenus par la peur de tomber entre les mains des Sauvages, et d’éprouver les cruautés que ces barbares faisaient souffrir à leurs prisonniers. Winchester était tombé dés le début du combat entre les mains du chef des Wyandots, qui l’avait remis au général Proctor. On lui dit que la résistance de ses soldats était inutile, que l’on allait incendier le village et que s’ils ne se rendaient point, ils deviendraient la proie des flammes ou des Sauvages. Alors leur général leur envoya l’ordre de cesser le feu. Ils demeurèrent prisonniers à la condition qu’ils seraient protégés contre les Indiens. Mais cette condition ne put être exécutée complètement. Il a toujours été presqu’impossible de retenir tout-à-fait les Sauvages dans ces occasions. Ils trouvèrent moyen de massacrer quantité de blessés qui ne pouvaient marcher, de se faire donner de grosses rançons pour d’autres, et d’en réserver plusieurs pour les mettre à la torture malgré tous les efforts des officiers pour empêcher ces cruels désordres.

Les Américains reprochèrent ensuite amèrement aux Anglais cette violation de la capitulation. Mais ils connaissaient assez les Sauvages pour s’attendre à ce qui arriva. Le combat de Frenchtown coûta près de 200 tués et blessés aux vainqueurs et plus de 300 aux vaincus.

Le général Harrison en apprit le résultat aux rapides de la rivière des Miamis, et rétrograda aussitôt de peur d’être attaqué par Proctor. Mais sur la nouvelle que celui-ci était retourné à Malden, il remarcha en avant avec 1200 hommes et établit sur cette rivière un camp retranché, qu’il appela le fort Meigs du