Aller au contenu

Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
42
PORCIE.

Tels que chacunestoit lors que Saturne Roy Gouuerneit en repos le monde fons faloy, Et que de ce grand Dien la fille inuiolable, Astree defcendit en la terre equitable Auecques Foy fa fœur, & qu’elles regiffoyent Les vertueux mortels qui leur obeiffoyent. On ne fauoit alors que c’estoit de la guerre, Que c’eftoit de s’armer pour defendre fa terre La trompette criarde encore n’auoit pas La force d’enflamber les hommes auxcombar I’vfage n’estoit point de baftir fortereffes, De clorre les citez, de murailles efpeffes Les chemins lors eftoyent ouuerts à tout chacun, Le monde vniuerfel n’auoit qu’vn bien commun, Et la terre aux faifons produifoit fourmentiere, De fon fein liberal vne moiffon entiere. Sans que fur les fillons la grefle bondiffant Decaupaft renuerfe le tuyau iauniffant. Puis il fourdit aprés vne race feconde, Qui ne fut pas du tout en vertus fi feconde. Mais puis ne autre encor’habita l’Vniuers, Qui fubtile inuenta mille onurages diuers, Non mefchante pourtant, mais qui de la premiere Abandonnoit defia la fimpleffe großiere. Elle apprit de chaffer les beftes aux forefts, Et de les enlacer trompeufement aux rets : De pefcher les poiffons emmantelex d’efcailles, D’vn hameçon caché qui leur couft les entrailles : De piper les oyfeaux par vne feinte voix, Ou freschement efclos les denicher aux bois : D’affuiettir au ioug les Toreaux indomtables, Et leur faire efcorcher les terres labourables, De fillonner la terre, dans fon large fein Enfermer tous les ans vn nourriſſable grain, Digitized by Google