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Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/83

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PORCIE.

Tous ne l’enstes pastel commis à voftre foy, Vous le prinftes viuant, viuant rendez-le moy : Rendez-le moyviuant, viuant vous le receuftes, Rendez le ainfi viuant comme viuant vous l’enftes. o folle que ie juis ! folle d’eftimer Que loyauté fe trouue en la pariure mer ! o folle de penfer que les ondes cruelles, Changeant leur naturel me deuiennent fidelles ! Vous antres cauerneux fiege du vieil Pluton, Vous filles de la nuit, Tifiphone, alecton, Vous Rages de là bas, vous Cerbere à trois teftes, Vous fleunes, qui roidu bruyez mille tempeftes, Plongez-moy dans le fein de l’abyfme fouphreux, Où logent tourmentez les esprits plus affreux. Tirez mon cœur raui de fes mortes entrailles, Et le repinçotez de flambantes tenailles : Qu’il rotiffe aux brafiers, où les plus tourmentez Reçoinent le guerdon de leurs mefchancetez. Enflambez, decoupez, brifez, faites refoudre (dre : Mon cœur, mes nerfs mesos, mes poumons en pou Vos tourmens ne sçauroyent, m’eftans continuels, Vaincre les cruautez des celeftes cruels. 3 O terre ! ô ciel ! ô mer ! ô planettes luifantes ! O Soleil eternel en courfes rayonnantes ! o Royne de la nuit Hecate aux noirs chenaux ! O de l’air embruny les lumineux flambeaux ! Si vous aucz, pouuoir deffus nos deftinees, Si nos fatalitez font par vous ordonnees, Que des felicitez, & des cuifans mal-heurs Que nous auons icy, vous foyez les autheurs : Influez, deffus moy lant de mortels defaftres, Qu’il ne fetreuue plus d’infortunes aux Aftres, Et chetiuez. fi bien men efprit langoureux Qu’il ne conçoine rien qui ne foit mal-heureux. H Digitized by Google