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la tour de cordouan.

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— Je veux bien y aller, moi, mais avec mon fusil.

— Sans doute. Je vais trouver le capitaine.

Paul s’en alla en riant. Le coup était bien lancé. Il savait que Clinfoc voulait à toutes forces l’emmener faire des excursions en mer, et que le capitaine, dont c’était aussi l’idée première, s’y refusait parce qu’il voulait que son neveu utilisât son fusil et son port d’armes. Le seul moyen de tout concilier était de faire les excursions projetées en compagnie du Lefaucheux.

Clinfoc alla trouver le capitaine.

— Le petit ne se sert donc pas de son fusil ? Valait pas la peine de le lui acheter.

— Eh ! c’est lui qui ne veut plus. Il préférerait aller en mer.

— Peuh ! en mer.

— Si je veux qu’il y aille, moi.

— Dame ! Il en apprendra plus sur les bancs de notre bateau que sur les bancs de son collége.

— Je l’ai toujours dit.

— Et puis en mer, il pourra se servir de son Lefaucheux. Il s’apprendrait à tirer, en tirant sur les hirondelles de mer.

— Touche-là, Clinfoc. Nous sommes deux vieilles bêtes de nous disputer quand nous nous entendons si bien. Va pour la mer. Nous irons à Cordouan.

— Et le petit ira chasser. Il nous tuera des lapins.

— Et des perdrix.

— Aux choux, mon capitaine !…

Dès ce jour, les vacances de Paul se passèrent en promenades. Inutile de dire que le Lefaucheux était de toutes les parties, ce qui finit par agacer tellement le capitaine, qu’à un certain moment il ne put s’empêcher de s’écrier, devant son matelot :

— Maudit fusil ! Il nous portera malheur.

— Et ce sera bien fait !