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six semaines dans un phare.

conde embarcation très-facile à démonter et à mettre à flot ; c’est au moyen de cette embarcation que le capitaine devait chaque nuit aller chercher à l’embouchure de la rivière, de l’autre côté de la ville, les nègres que lui vendaient à très-bon compte des courtiers de contrebande. Vous comprenez quelle économie devait en retirer maître Tranche-liard. Restait à savoir comment il s’en tirerait quand la douane visiterait notre navire.

La traite des nègres étant aujourd’hui défendue, on ne voit plus de négriers. Les Anglais leur font la chasse, mais pourtant je sais qu’il y en a encore beaucoup, surtout de ces côtés-là ; voici, à cette époque, comment ça se passait à Zanzibar.

Il n’existe pas de vente à l’encan. Les habitants se défont de leurs esclaves par besoin d’argent ou ne les livrent à la traite que parce qu’ils sont mécontents de leurs services. Les noirs arrivent par cargaisons, soit des îles environnantes, soit de la côte. Ils ne se révoltent jamais et se sauvent encore moins, car s’ils retournaient chez eux, ils seraient massacrés par leurs compatriotes ; l’esclavage est considéré en Afrique comme une dette sacrée.

Ces malheureux perdent leur liberté de plusieurs manières. D’abord tout plaideur qui perd son procès devient esclave du roi ; aussi tous les monarques excitent leurs sujets à plaider les uns contre les autres. Ensuite le mari peut vendre sa femme et ses enfants quand bon lui semble, et le maître qui a mis son esclave pour enjeu est obligé de le remplacer si celui-ci prend la fuite. Ajoutez-y tous les vaincus, car dans ces pays-là on se bat toujours et l’esclavage est le châtiment de la défaite.

Et maintenant voici comment les esclaves étaient et sont peut-être encore traités à bord d’un négrier :

D’abord et avant tout, la santé du navire dépend de sa propreté : on lave à grande eau, chaque soir, le pont supérieur dès