Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/192

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divorce. Vous l’obtiendriez naturellement sans difficultés.

— Pourquoi faire ? répondit-elle. Que je m’appelle Flagothier ou Neerinckx, ça n’a de l’importance pour personne. Et puis, s’il voulait revenir, s’il était malade et malheureux, est-ce que je saurais avoir assez mauvais cœur pour l’empêcher de rentrer ici ?

— Ce n’est pas pour cela, expliqua Charles ; c’est parce qu’il peut, étant toujours maître de la communauté, faire vendre la boutique, abuser de son crédit chez les fournisseurs et vous mettre sur la paille.

— Il ne ferait pas cela ! dit-elle vivement.

— Et s’il le faisait ?

Elle eut un geste de complète désespérance, d’infinie résignation. La conversation en resta là.

Rose, autrefois, prenait du plaisir à cuisiner sous l’œil glauque d’Adla-Hitt, à préparer les petits plats qu’Odon aimait. Maintenant elle ne se souciait plus de la table. Elle faisait prendre chez le charcutier un « déjeuner d’officier », comme on dit à Bruxelles ; c’est-à-dire un « panaché de saucissons » ; ou bien une « tallurke », c’est-à-dire une assiette garnie d’une mince tranche de bœuf et d’un morceau de porc. Ça lui coûtait quatre sous. Elle mangeait distraitement, sans savoir ; on ne dressait plus la table dans la salle