Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/193

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à manger : elle prenait ses repas dans la cuisine avec Adla-Hitt.

Celle-ci, privée des « smoel récital » invigorants, et voyant que Madame était souvent triste, s’était dit qu’il serait charitable de l’égayer un peu et, comme les chansons symbolisaient pour elle la joie, elle fredonnait du matin au soir le seul refrain qu’elle connût :

Tricoter
Maman, je veux apprendre ;
Tricoter
Ça c’est un beau métier…

Elle chantait cela des heures entières, la lippe pendante, sur un ton de fausset qui faisait grincer dans l’armoire le moulin à café. Un jour que Charles s’en plaignait à Rose, celle-ci lui répondit :

— Du moment où elle fait ça dans la cuisine, elle est chez elle, c’est son droit.

Et elle eut un pâle sourire, le premier que Charles lui eut vu depuis la catastrophe…

Julien Rousseau venait tous les jours s’approvisionner de cigares, alors qu’autrefois il chargeait le garçon de la Boule Plate d’aller les quérir à la Bonne Source ; il aimait causer avec Rose sur un ton de bonne amitié confiante. Jamais non plus le nom de Flagothier n’était prononcé : il semblait à Rose