Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/198

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bébé », en tournant la page du journal qu’elle apprenait par cœur.

Les consommateurs étaient émerveillés de tant de courage, d’audace et d’endurance ; on venait à la Boule Plate pour voir Mme Fampin « travailler » Julot. Elle avait tout le café avec elle ; Alembert Picquet surtout l’encourageait. Au bout d’une quinzaine. Julot céda ; il disparut ; il était temps : trois jours de plus, déclara-t-il plus tard, il devenait fou.

Alembert offrit, ce soir-là, à la clientèle, un punch en l’honneur de Mme Fampin, souriante, modeste et comme peu étonnée de sa victoire.

À la Bonne Source, tandis que Rose vaquait aux soins du magasin et du ménage, Charles s’installait souvent dans la salle à manger, derrière la boutique : il y avait là un feu ouvert où des boulets de houille brûlaient du matin au soir, amusants à l’œil, léchés par les flammes, pourpres, noirs et or, brasillants, crépitants, croulant dans un feu d’artifice d’étincelles quand le tison attaquait leur fragile édifice.

Charles préférait ce foyer flambant clair au poêle fermé de sa chambre ; délaissant l’étage, il restait des après-midi entières acouvé au feu de la salle à manger ; il lisait, fumait des cigarettes qu’il laissait toujours éteindre et qu’il rallumait sans cesse, au moyen