Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/244

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océan de têtes qu’elle dominait ; Rose riait, charriée, elle aussi, chatouillée et même pincée par les mains aventureuses de puuteleers effrontés.

Ils eurent les plus grandes peines à sortir. Ils rentrèrent tout de suite chez Mme  Cécile, pressés de faire à Julien le récit de la cérémonie.

Rose eut du regret de cette partie. Elle se sentait confuse de s’être mêlée à la joie des autres et d’en avoir goûté le piquant, elle pour qui plus devait n’être de joie, elle de qui l’effacement et l’humilité devaient être la règle. Ce plaisir, pris en fraude de son deuil de veuve sans être veuve, lui pesa comme un péché, lui sembla reprochable comme un vol.

Charles voulut plaisanter ; mais elle prit une mine si chagrinée qu’il cessa tout de suite.

C’était Charles qui, maintenant, surveillait le placard aux cigarettes, l’armoire, placée dans sa chambre, qui contenait les réserves de la boutique. Il lui arriva de faire renouveler telle marque, sans en parler à Rose ; l’époque étant arrivée de rafraîchir le magasin, il fit repeindre les boiseries et le plafond dans des tons plus clairs ; il surveilla lui-même le travail des ouvriers. Il installa, dans la salle à manger, un séchoir pour les cigares fins. Il continuait à étudier l’application, à l’installation d’une manufac-