Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment d’une plaie, opération encore douloureuse mais déjà bienfaisante.

Odon Flagothier prenait parfois avec Charles un ton familier et même affectueux qui eût déplu au jeune homme quelques mois auparavant et qu’il acceptait maintenant avec bonne grâce. Et, d’autre part, le bel équilibre moral de Rose s’offrait à lui comme un exemple et presque comme une leçon.

Flagothier « provenait », comme, il disait, de Dinant. Fils de petits boutiquiers, il avait été, au cours d’une jeunesse agitée et gaie, contre-maître dans une manufacture de tabacs, il y avait appris à évaluer et à travailler les « bouquiaux » et les « marottes » et surtout à saucer des rolles : c’était à peu près tout ce qu’il savait faire, comme métier, mais il était intelligent, et voyait clair là où beaucoup se seraient perdus.

Rose Neerinckx, surnommée dans le quartier Mme  Rollekechik, née à Bruxelles de parents brabançons, s’était éprise, à vingt ans, de ce wallebak, de ce woelekaïut ; elle lui avait apporté le petit héritage paternel, son beau courage sans phrases et tout son cœur ; lui, avait mis dans la corbeille de noces sa bonne humeur, son entregent, son habileté à se tirer d’affaire et un fond de commerce