Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/109

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Le 15 juin. — Oui, je le vois à toute sa façon d’être vis-à-vis de moi : elle croit que je suis un héros, l’homme des batailles, des chasses et des explorations. Je me sens plein d’une confusion et d’un malaise qui s’étendent tous les jours, comme une tache d’huile…

Je me répète quelquefois une maxime que j’ai lue dans un journal : « L’exagération est le mensonge des honnêtes gens ». Je ne sais pas quel est l’auteur de cette maxime, mais c’est un bien brave homme. Dommage que son idée n’est pas un peu plus répandue dans le monde ; je pourrais m’en tirer… Et encore, non : il y a plus que de l’exagération dans mon cas, il y a… de la malhonnêteté. Le menteur, ce n’est pas moi, c’est entendu ! mais je suis le complice du menteur, un complice qui a fait son profit du mensonge…

Elle me mépriserait si elle savait…

…J’ai remarqué aujourd’hui que, quand on lui fait un compliment auquel elle ne s’attend pas, sa joue devient rose comme une framboise et que son oreille ressemble à un petit coquillage nacré qui est dans l’armoire de Tante Lalie.