Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/149

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Le 6 novembre. — Plus je pense au folklore, plus ça m’emballe ! C’est bien vrai que, quand un Montois part pour l’étranger, il emporte Mons avec lui. Il l’emporte à ses semelles, dans sa valise, dans les poches de son veston, dans la coiffe de son chapeau. D’invisibles fils, aussi mystérieux que les ondes hertziennes, le rattachent aux cloches du Château, au Car d’Or, aux enseignes du quartier, au jardinet de la maison natale.

Deux Montois qui ne se sont jamais vus se reconnaissent dès qu’ils se rencontrent, à Singapour comme à New-York : « Est-ce qu’on dit co « ouais », à Mons ? » dit le premier. — « Non », on dit : « m… à vo nez ! » répond le second. Et ils s’en vont bras dessus bras dessous…

Tenez, en repassant par Paris, avec Valentine, j’étais entré au Musée du Louvre tandis qu’elle courait les magasins. Pendant que je regardais, dans la Galerie d’Apollon, une magnifique tête de femme, tellement bien peinte qu’on voit même les cils de ses yeux bleus, je m’entendis brusquement interpeller :