Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/45

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qu’il méprise les correspondances anonymes et qu’il est de ceux « à qui on ne la fait pas ».

Le soir, de nouvelles lettres le mettent en garde contre le matériel de l’aéronaute : l’enveloppe du ballon est faite d’une vieille toile ayant servi pendant dix ans de bâche à un tourniquet Opitz ; la boussole, un « vieux réveille-matin désaffecté » ; l’osier de la nacelle, pourri et raccommodé avec des ficelles…

Le lendemain, en se levant, il lut dans le Journal de Mons qu’il ferait son ascension debout sur un trapèze. À cent mètres, Toubeau jetterait de la nacelle un fil de manœuvre terminé par une poire en caoutchouc que Tartarin s’introduirait dans la bouche et qu’il mordrait de toutes ses dents, comme faisait la belle Léona Dare. Après quoi, Toubeau retirerait le trapèze : Tartarin s’en irait ainsi, à travers l’éther, dans la pose gracieuse d’un ange en plein vol. Quand on serait sur le point de perdre Mons de vue, Toubeau remonterait le fil, avec Tartarin frétillant au bout, comme un poisson — et le héros prendrait enfin place dans la nacelle…

Tartarin a écrit aussitôt au Journal de Mons pour démentir cette information « inventée de toutes pièces par la cabale ».