Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/46

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22 août 19… — Mon devoir — et je n’y ai pas manqué — était d’offrir un dîner d’adieu. J’aurais pu convoquer une bonne moitié de la ville de Mons si j’avais voulu réunir tous les amis de Tartarin. Il y avait le bourgmestre et un échevin, le greffier du Conseil provincial et le référendaire, les officiers de mon bataillon, le comité du Cayaux-Club. Ma tante Lalie avait voulu en être : elle a toujours eu pour Tartarin cette admiration secrète que les âmes simples et bonnes ont pour les beaux parleurs.

On comprend que, dans une circonstance aussi émouvante que celle d’un départ sans retour, on ait la larme facile. Mais Tartarin exagéra : il commença à pleurer dès le potage.

J’avais préparé un toast d’un tour sérieux, semé simplement de quelques bons mots et traits plaisants. Je montrai Tartarin relié, par les fils fragiles d’une nacelle, à la sphère d’or jaune du ballon libre ; je dis que, s’il devait emporter avec lui toutes les sympathies qu’il s’était acquises dans notre cher petit trou de ville, le ballon, ainsi lesté, ne quitterait