Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jamais le pavé de la Place ; j’évoquai les grands noms de l’aérostation, depuis les frères Montgolfier jusqu’à ce brave Toubeau que la calomnie tentait en vain de salir (applaudissements nourris des membres du Cayaux-Club) et je terminai en disant que Tartarin laisserait dans tous les cœurs montois un souvenir mélancolique comme la feuille d’automne, mais éclatant comme un soleil de printemps.

Tartarin hurlait de pleurer.

Le bourgmestre promit de donner le nom de Tartarin à la première rue nouvelle ; le lieutenant Poilard, marbrier de son état, parla d’une plaque commémorative à apposer sur la maison que Tartarin avait habitée ; Tante Lalie déclara qu’elle fondait, en souvenir de cette soirée, un lit Tartarin, à l’hospice des Quanquennes.

Myen chanta une chanson de circonstance sur l’air : « Tu t’en vas et tu nous quittes ; tu nous quittes et tu t’en vas ! »

Et Tartarin, ayant épongé ses larmes avec sa serviette, se leva, tout à coup rasséréné. Les serveurs s’immobilisèrent et, dans l’entrebâillement de la porte, je vis le nez d’Had’laïte qui pointait.

Vous rapporter tout ce que Tartarin sortit, j’en suis incapable ! Ces Tarasconnais, tout de même, ce qu’ils ont la langue à la bouche ! Jamais un