Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/86

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Le 14 avril. — Je songe très sérieusement à partir pour le Congo et à y faire un séjour de quelques mois. La situation, malgré le départ de Tartarin, n’est plus tenable : je suis « le Congolais », celui qu’on prend pour arbitre dans toutes les discussions concernant la Colonie, celui qu’on vient consulter quand on songe à s’expatrier, celui aux souvenirs duquel on fait appel à propos de tout et de rien. J’ai donné, l’autre jour, un interview au Journal de Mons.… jamée ! Je vais être invité à un dîner au Palais de Bruxelles en ma qualité de Commandant des chasseurs éclaireurs ; je devrais en être fier et heureux ; je me sens tout tremblant ! Je m’éveille quelquefois en sursaut : Léopold II, sa barbe blanche penchée sur moi, me dit : « Il paraît, commandant, que vous avez parcouru en tous sens notre belle colonie… »

Généralement, quand un homme s’est mis dans un mauvais cas par un mensonge, le temps travaille pour lui : la faute disparaît sous l’oubli. Ici, c’est le contraire ; les inventions de Tartarin — un peu