secondées par ma coupable complaisance, je l’avoue — sont pareilles à un arbre qui, né d’une forte semence, croît avec une vigueur toujours nouvelle et se développe à chaque saison.
Tenez : Tante Lalie m’avait dit, après son dernier grand dîner, où avait paru Valentine Godin que cette petite était pleine d’admiration pour moi, ce qui n’avait pas manqué — je le confesse sans modestie — de flatter en moi le commandant des chasseurs éclaireurs. Je me disais qu’elle m’avait vu passer à la tête de mon bataillon, que mon uniforme, mon sabre d’officier… ah ! bien ouitte !
Je l’avais trouvée ce jour-là dans le jardin, chez Tante Lalie, occupée à lire.
— Que lisez-vous là, Valentine ?
— Une pièce de Musset, Monsieur Gédéon : « À quoi rêvent les jeunes filles… »
— D’abord, je vous prie une fois pour toutes de ne plus m’appeler Monsieur Gédéon : vous êtes la fille du frère de mon oncle ! tendez c’ que j’ vous parle ? vous avez le droit et le devoir de m’appeler Gédéon !…
— Je dirai Monsieur Gédéon pour commencer. Le monsieur tombera tout seul.