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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/112

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CHAPITRE VII.

Vous devez être surprise que tous ces détails soient arrivés jusqu’à moi, chère enfant, reprit lady Ludlow après avoir arrangé les coussins qui me soutenaient ; mais, l’année qui précéda la mort de mon mari, je voyageais dans le Devonshire avec milord ; l’idée nous vint d’aller visiter les prisonniers de guerre français casernés à Dartmour, et l’un d’eux, avec qui nous liâmes conversation, était précisément le fils de Mme Babette, ce petit Pierre qui avait joué un si grand rôle dans l’histoire que je vous raconte. C’est par lui que j’ai su tout ce qui me reste à vous dire, et j’avoue qu’il m’inspira une vive compassion pour les acteurs de ce drame terrible, même pour ce Jean Morin dont il parlait d’une voix émue, bien que les événements dont il m’entretenait fussent passés depuis longtemps.

Lorsque le neveu de Mme Babette vint à la loge de sa tante, le soir du jour où Virginie avait vu son cousin pour la première fois, il fut frappé du changement qui s’était opéré chez la jeune fille : non pas qu’il la trouvât plus belle qu’à l’ordinaire ; il en était arrivé à ce point où l’amoureux ne voit plus l’objet aimé qu’à travers un prisme dont rien ne modifie la puissance ; mais il remarqua la