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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/150

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AUTOUR DU SOFA.

fait le bien à sa manière, et je crois que la mienne n’est pas la plus mauvaise.

— Assurément, chère miss, répondit lady Ludlow ; mais je suis désolée d’apprendre que l’on se conduit aussi mal dans notre village.

— C’est moi qui suis désolée, milady, j’ai eu tort de vous conter cela ; d’autant plus que j’exagère ; tout se borne à des peccadilles ; c’était seulement pour vous dire que quand je n’ai rien qui me retienne à la maison, je fais un tour au dehors, je m’en vais chez mes voisines et je les rappelle à leurs devoirs, tout juste pour tenir le diable à l’écart. Satan, vous le savez, a toujours en réserve quelque méchante besogne à donner aux oisifs. »

Tout cela ne conduisait pas au sujet que voulait aborder milady. Au contraire, la vieille fille aimait tellement à jaser, qu’à la fin de sa réponse elle était bien loin du point de départ. Il fallait donc que Sa Seigneurie entamât brusquement la question.

— Miss Galindo, j’aurais à vous demander une grande faveur, dit-elle.

— Est-ce bien possible ? Je voudrais pouvoir dire à Votre Seigneurie tout le plaisir qu’elle me fait en m’honorant de la sorte, répondit la vieille fille qui en avait les larmes aux yeux. Nous étions tous si contents de pouvoir faire quelque chose pour cette bonne lady Ludlow !

— Voilà ce que c’est, reprit Sa Seigneurie : M. Horner ne disait ce matin que les lettres relatives à ce domaine se sont tellement multipliées qu’il lui est impossible de les transcrire lui-même ; il réclame donc les services d’une personne dont la discrétion m’inspire toute confiance, et qui puisse non-seulement copier ces lettres, mais tenir certains comptes demandant une certaine habileté. Il y a précisément une petite pièce fort agréable à côté du cabinet de M. Horner, et si vous étiez assez bonne