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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/156

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AUTOUR DU SOFA.

faite : une once de limaille d’acier, item de noix de Galle ; une pinte d’eau (les gens prodigues emploient du thé, mais j’ai toujours eu de l’ordre, grâces à Dieu !), mettez tout cela dans une bouteille que vous suspendez à la porte, de manière que chaque fois que vous fermez celle-ci, le contenu de la bouteille soit nécessairement agité ; si vous êtes en colère, comme il m’arrive souvent de l’être contre cette affreuse Sally, vous claquez la porte avec violence, et la chose n’en vaut que mieux. J’ai donc de l’encre toujours prête pour n’importe quel usage : pour faire un compte, ou le testament de milady, si besoin est.

— Ne parlez pas de cela, miss Galindo ; le testament de milady ! elle n’est pas encore morte.

— Et si elle était morte, reprit la vieille fille, il ne serait plus temps d’y songer. Ah ! si ma pauvre Sally m’avait dit pareille chose, comme je l’aurais traitée d’oie ! mais, en votre qualité de parente de milady, je suis forcée d’être civile à votre égard et je me contente de vous dire que vous m’avez répondu comme une sotte ; il est vrai que vous êtes boiteuse, pauvre créature ! »

Milady entra, fort heureusement pour moi, et je pus aller dans la chambre voisine continuer ma promenade. J’étais toujours sur le qui-vive lorsque parlait miss Galindo, car on ne savait jamais ce qu’elle allait dire, et sa langue était capable de tout.

Quelques instants après, Sa Seigneurie vint chercher quelque chose dans son bureau.

« Il faut, dit-elle en fouillant dans les tiroirs, que M. Horner se soit trompé quand il m’a dit avoir assez de besogne pour occuper un commis ; voilà miss Galindo qui attend, la plume derrière l’oreille, qu’on lui fournisse de l’ouvrage, et il ne trouve rien à lui donner. Je viens chercher les lettres de ma mère, dont je serai fort aise d’avoir