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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/163

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LADY LUDLOW.

rie, je le sais, désapprouve tous les plans auxquels j’avais pensé ; mais il faut absolument agir, et je viens auprès de vous, milady, pour vous demander avec respect, mais avec fermeté, de vouloir bien me donner un conseil. »

Il est toujours maladroit, en pareil cas, de rappeler aux personnes d’un caractère décidé l’opinion qu’elles ont émise, quand vous n’avez précisément d’autre but que de les en faire changer. C’était la faute que venait de commettre M. Gray, faute d’autant plus grave que, sans être obstinée, lady Ludlow n’était pas femme à se donner un démenti.

« Vous me demandez, répondit-elle après un instant de silence, de vous donner un conseil pour remédier à un mal que je ne soupçonne même pas. M. Montford n’a jamais proféré les plaintes que vous venez de me faire entendre ; et toutes les fois que j’ai eu l’occasion de voir les enfants du village, ce qui m’arrive assez souvent, j’ai toujours trouvé qu’ils se conduisaient d’une manière fort convenable.

— Devant vous, c’est possible, madame ; ils sont élevés dans le respect de Votre Seigneurie, et ne connaissent rien au-dessus d’elle.

— Vous êtes dans l’erreur, monsieur Gray, répliqua lady Ludlow en souriant, ils ont pour le roi des sentiments aussi prononcés qu’il est possible de les avoir à leur âge ; ils ne manquent jamais de venir le 4 juin boire à la santé de Sa Majesté, manger des gâteaux et regarder les portraits de la famille royale, que je leur montre moi-même, et qu’ils contemplent avec un intérêt aussi vif que respectueux.

— Il est un être supérieur aux monarques de la terre, madame, » répondit le jeune ecclésiastique.

Sa Seigneurie devint toute rouge de la méprise qu’elle avait faite, car elle était véritablement pieuse. Néanmoins