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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/168

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AUTOUR DU SOFA.

« Je ne dis pas le contraire, madame, répondit l’ecclésiastique d’un air abattu et d’une voix fatiguée ; mais cela n’infirme pas la vérité de mes paroles, quel que soit le peu de confiance que vous y ajoutiez. »

Milady, bien que toujours un peu émue, laissa voir sur ses traits un certain embarras.

« Ainsi donc, reprit M. Gray en se levant pour partir, Votre Seigneurie ne trouve aucun remède à l’état de choses que je viens de lui signaler, état de choses relatif à des malheureux qui vivent sur ses terres et qui, pour la plupart, sont ses propres fermiers ? J’espère, néanmoins, qu’il me sera permis de faire usage de la grange de Hale tous les jours de sabbat ; il ne demande pas mieux que je m’en serve, toutefois avec l’approbation de Votre Seigneurie.

— Il est impossible que vous preniez un surcroît de besogne à présent ; laissez-moi le temps d’y réfléchir ; vous soignerez votre santé pendant que je pèserai votre demande, et vous reprendrez des forces. »

Le pauvre jeune homme était trop agité pour s’apercevoir de la douceur de milady, et s’irrita du délai qui lui était proposé.

« J’ai si peu de temps à vivre, si peu de temps pour accomplir mon œuvre ! » murmura-t-il, pendant que milady parlait au majordome, qu’elle m’avait prié de sonner quelques minutes avant.

« Monsieur Gray, dit-elle en se retournant tout à coup, il me reste encore un peu de malvoisie de la récolte de 1778 ; vous savez que c’est un excellent spécifique pour la poitrine, dans tous les cas où le mal est causé par l’épuisement, vous me permettrez de vous en envoyer six bouteilles ; soyez sûr qu’après les avoir bues, vous envisagerez les choses sous un jour plus consolant, surtout si vous êtes assez bon pour recevoir le docteur Trévor, qui