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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/21

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LADY LUDLOW.

sous mon patronage. S’il arrive néanmoins que l’une d’elles trouve un parti qui lui convienne, et que je sois satisfaite de sa conduite, je me charge du repas de noces et du trousseau, que je lui donne au grand complet. Celles qui resteront avec moi jusqu’à ma mort seront assurées par mon testament d’une pension qui leur permettra de vivre d’une manière convenable. Je me réserve de payer les voyages qu’elles peuvent avoir à faire, ne voulant pas qu’elles en entreprennent d’inutiles, et désirant, d’un autre côté, ne pas affaiblir les liens de famille par une trop longue absence de la maison paternelle. Si mes propositions vous conviennent, je ne parle pas de votre fille, je la suppose trop bien élevée pour avoir une volonté différente de la vôtre, faites-le-moi connaître, chère cousine Marguerite, et je m’arrangerai pour faire prendre la jeune personne à Cavistok, où la diligence la déposera. »

Ma mère laissa tomber la lettre et finit par dire au bout de quelques instants :

« Je ne sais pas ce que je deviendrai sans toi, Marguerite ! »

Jusqu’ici, la pensée de changer de place, d’embrasser un nouveau genre de vie, m’avait paru fort agréable ; mais quand je vis le regard douloureux de ma pauvre mère et que j’entendis pleurer les enfants, je renonçai bien vite à l’existence qui m’était proposée.

« Non, reprit ma mère en secouant la tête, il vaut mieux que tu t’en ailles. Lady Ludlow est toute-puissante ; elle pourra placer tes frères, et nous ne devons pas la désobliger en refusant tout d’abord ce qu’elle veut bien nous offrir. »

Après y avoir mûrement réfléchi, cette décision fut confirmée ; nous acceptâmes les offres qui nous étaient faites, et c’est ainsi que je fis connaissance avec lady Ludlow.