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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/245

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LADY LUDLOW.

Le taureau du village aussi est mort ; je n’ai jamais été plus contente de ma vie. On dit pourtant qu’il va être remplacé ; mais jusque-là je traverse les communaux sans inquiétude ; ce qui est fort heureux, car j’ai sans cesse à courir chez M. Gray pour l’arrangement du presbytère.

« Vous croyez savoir toutes les nouvelles d’Hanbury ? Vous vous trompez ; j’ai encore à vous dire la plus ébouriffante. Il est inutile de vous faire chercher ; vous ne devineriez jamais. Sa Seigneurie a donné une soirée, tout comme une plébéienne. Nous avons eu du thé et des tartines dans le salon bleu, avec le vieux John pour nous servir, ayant à sa suite Tommy Dig, le bambin qui autrefois chassait les corneilles dans les champs de maître Hale, et qui porte maintenant la livrée de milady, avec les cheveux poudrés, la culotte courte, etc. Lady Ludlow, vêtue de sa robe de velours noir, et parée du vieux point qu’on ne lui avait pas vu depuis la mort du comte, avait l’air d’une reine de légende.

« Et les invités ? demandez-vous. Nous avions le ministre de Clover, celui d’Headleigh, celui de Merribank et leurs épouses, le fermier Donkin et ses deux filles, M. Gray, Bessy et moi, le capitaine et sa femme ; je ne parle pas de mistress Medlicott, qui a fait le thé dans la chambre de milady ; enfin M. et Mme Brooke. L’auriez-vous jamais cru ? Je ne suis pas bien sûre que nos trois pasteurs en fussent très-satisfaits ; mais ils n’y étaient pas moins, et vous allez le comprendre : c’est M. Brooke, un très-brave homme au fond, qui a aidé le capitaine à remettre les terres de milady en bon état ; sa fille a épousé le régisseur, et M. Gray, qui doit le savoir, dit qu’après tout les anabaptistes ne sont pas de mauvaises gens. Vous vous rappelez néanmoins qu’à une certaine époque il s’emportait contre eux ; mais c’est le tout de se con-