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XI

LES VISIONS DE L’AVENIR.

Avant la fin de mai, Molly Corney, bien et dûment mariée, quitta les environs pour aller habiter Newcastle. Encore que Charley Kinraid ne fût pas le garçon d’honneur, Sylvia n’en accompagna pas moins l’épousée au pied de l’autel. Mais leur amitié, dans les derniers temps, avait beaucoup souffert. L’égoïsme de Molly, ses appels incessants à la sympathie des autres, alors qu’elle n’en éprouvait aucune pour qui que se fût, répugnaient profondément à Sylvia, et mistress Robson, plus malveillante qu’on ne l’avait jamais vue, ne manquait pas une occasion de mettre en relief les inconvenances de conduite et les propos messéants de cette évaporée, — qui joignait peut-être à tous ses autres torts celui de s’être mariée plus tôt, et plus avantageusement, que ses connaissances ne l’avaient prévu.

Jamais Philip n’avait trouvé sa cousine aussi charmante que pendant l’été qui suivit. Et ce n’était pas un caprice de son imagination. Chaque jour semblait ajouter une grâce, un rayon de plus à cette beauté rustique dont l’éblouissante fraicheur attirait déjà tous les regards. Moins que d’autres, ceux de la pâle Hester y pouvaient rester indifférents, et, dans les rares occasions où elle rencontrait Sylvia, elle était forcée de s’avouer, — avec une candeur mêlée de tristesse, — que l’admiration, l’amour de Philip pour sa cousine étaient les sentiments les plus naturels du monde.

Ces trésors, qu’elle lui enviait, Sylvia n’en faisait qu’une très-médiocre estime ; les empressements de Phi-