Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/87

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licat. Bien moins encore eussent-ils essayé de presser la réalisation du plan qui devait les enrichir. Ils voyaient donc, animés d’un espoir silencieux, se succéder les signes précurseurs de leur prospérité future, les Foster s’effacer de plus en plus dans le maniement de leur commerce de détail, — limiter chaque jour davantage leur action personnelle aux affaires d’escompte qu’ils voulaient continuer quelque temps encore, — nouer des rapports de plus en plus directs entre leurs commis et les manufacturiers chez lesquels s’alimentait leur magasin. Nul doute à concevoir sur le résultat final de cette marche si bien liée, et Philip anticipait déjà sur le temps où, principal associé de la première boutique de Monkshaven, il aurait Sylvia pour femme, et où celle-ci, portant à coup sûr des robes de soie, aurait peut-être un cabriolet à sa disposition. Dans toutes ces visions de splendide avenir, ce qui flattait le plus Philip était l’ample satisfaction donnée aux désirs de Sylvia, l’accroissement de son bien-être, le rang nouveau qu’elle prendrait dans la hiérarchie sociale. Lui-même se résignait à vivre comme aujourd’hui, travailleur acharné, dans les quatre murs d’une humble boutique.

XII

LA FÊTE DU NOUVEL AN.

Tandis que Philip employait toutes les forces de son caractère calme à se contenir, — à prendre patience jusqu’au moment où, ses patrons et lui ayant tout réglé, il pourrait faire connaître ses projets soit à Sylvia, soit aux parents de sa bien-aimée, — il ne négligeait rien pour se