Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/11

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chait lentement à travers la neige, se dirigeant sur l’église de Milnerow. Tantôt elle disparaissait dans un pli de terrain, tantôt elle gravissait péniblement les côtes. Après la cérémonie, on ne s’attarda pas auprès du tombeau ; la plupart des voisins qui avaient suivi le corps avaient un long trajet à faire pour retourner chez eux, et les larges flocons de neige qui commençaient à tomber lentement annonçaient une forte tourmente. Un vieil ami ramena seul la veuve et ses deux fils jusqu’à leur demeure.

La ferme d’Upclose appartenait aux Leigh depuis de longues générations, mais ce petit bien les élevait à peine au-dessus de la classe des journaliers. La maison et ses dépendances étaient à l’ancienne mode ; trois hectares de mauvaises terres les entouraient, mais on n’avait jamais eu assez d’argent pour les améliorer ; les Leigh ne pouvaient y compter pour leur subsistance et ils avaient toujours eu l’habitude de faire apprendre un métier à leurs fils, celui de charron ou de forgeron, par exemple.

Jacques Leigh avait laissé son testament entre les mains du vieillard qui accompagnait sa femme et ses fils au retour de l’enterrement. Il le lut tout haut. Jacques avait laissé la ferme à sa fidèle épouse, Anne Leigh, sa vie durant, et après elle à