Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/182

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— S’il est ainsi, comment est-ce un tort de respecter ses ancêtres ?

— Je n’ai jamais dit cela, lord Erlistonn. Lorsqu’on a honoré un père bien-aimé, on peut comprendre la joie d’honorer des ancêtres éloignés, s’ils méritaient d’être honorés. Mais (et ses grands yeux lançaient assez de lumière et de chaleur pour enflammer une race tout entière) je trouve au-dessous, fort au-dessous d’un homme vivant de trafiquer toute sa vie d’un amas de cendres des morts !

Parmi ses nobles pairesses anglaises, ses princesses russes, ses baronnes parisiennes, lord Erlistoun avait-il jamais entendu une femme dire ainsi tout ce qu’elle pensait dans toute l’honnêteté de son cœur, tout simplement parce qu’elle le pensait, sans s’inquiéter ni se préoccuper de son interlocuteur ? Il avait l’air un peu surpris. Il regardait avec quelque curiosité, sinon avec admiration, les yeux noirs étincelants de Jeanne ; puis il se baissa pour arranger la musique.

— Dowglas ? lui dit-il en lisant le nom écrit sur un volume ; je vous demande pardon, est-ce…

— Mon nom ? Oui ; mon père était Écossais ; ma mère s’appelait Browne.

Oui, Jeanne, levez la tête ; parlez fièrement de cette pauvre jeune mère, dont le sang n’était pas