Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/196

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nous attirer ; qui n’osons pas nous fier à un cœur chaud, de peur qu’il ne se trouve aussi creux et vide que cette motte de terre sous mon pied. Que nous reste-t-il, à nous autres hommes, quand nous avons perdu notre respect pour les femmes ?

— Pas pour toutes les femmes, dit Jeanne doucement, car il avait parlé avec passion, comme, dans mes rêveries les plus extravagantes, je n’aurais jamais cru entendre parler lord Erlistoun. — Vous savez ce que vous m’avez dit de votre mère ?

— Et que fait ma mère, ma mère elle-même ? reprit-il en baissant la voix ; mais je ne pouvais m’empêcher de l’entendre ; elle m’écrit qu’il y a une charmante personne toute prête pour moi. Ses terres touchent les miennes, ce serait donc un mariage très convenable ; elle est riche et je suis pauvre ; vous savez ; elle est bien née, elle est jolie, tout est à merveille, par conséquent, tout, excepté l’amour. Irai-je, d’ici à un an ou deux, la demander et l’épouser ?

— Je croyais que vous n’aviez pas l’intention de vous marier avant dix ou quinze ans d’ici.

— C’est vrai, je déteste le mariage. Naturellement, il faudra bien s’établir un jour comme tout le monde ; mais je veux jouir de ma liberté tant que je pourrai. Quand je me vendrai, ce sera cher, fût-ce même à cette jeune personne. Je ne veux