Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/197

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pas vous dire son nom ; je finirai peut-être par l’épouser.

Je ne sais pas s’il parlait tout à fait sérieusement, mais Jeanne était sérieuse. Il fallait voir quel mélange de pitié et de mépris il y avait dans son regard.

— Lord Erlistoun, parlons de quelque sujet moins sérieux, s’il vous plaît ; sur celui-ci, nous ne nous entendrons jamais.

— Pourquoi pas ?

Peut-être le comprit-il, en regardant de profil ce noble visage, éclairé par le dernier rayon du soleil couchant. Elle était pâle, elle n’avait pas très bonne mine, elle n’avait pas l’air très jeune ; et quant à lui, avec la vivacité inaccoutumée qu’il venait de déployer, la différence entre une femme et une enfant était encore plus grande que de coutume. Elle était grande aussi entre celui qui vivait dans le monde et pour l’idéal de bonheur qu’offre le monde, tandis que l’autre, vivant aussi dans le monde et en jouissant autant que le permettait sa situation, possédait cependant un idéal, un sens spirituel bien supérieur à ce monde.

— Vous supposez, je vois, que je ne suis bon qu’à devenir un de ces hommes de la Foire aux vanités que vous détestez si fort, un marquis de Steyne, peut-être.