Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que la lumière d’une boutique ou d’un réverbère vînt lui montrer un visage froid et inconnu qui n’était pas celui de sa fille. Une fois ou deux, un passant charitable, frappé de son air malheureux et suppliant, lui offrit son aide ou demanda ce qu’elle cherchait. Lorsqu’on lui adressait la parole, elle disait seulement : « Connaissez-vous une pauvre fille qui s’appelle Lisette Leigh ? » et lorsqu’on répondait négativement, elle secouait la tête et reprenait sa course. Je suppose qu’on la croyait folle. Mais elle ne parlait jamais la première. Parfois elle se reposait quelques minutes sur les marches d’une porte ; quelquefois, bien rarement, elle mettait sa tête dans ses mains et pleurait, mais elle ne pouvait se permettre de perdre ainsi le temps et l’occasion ; au moment où elle était aveuglée par les larmes, celle qu’elle avait perdue pouvait passer inaperçue.

Un soir, au moment où les jours d’automne vont décroissant, Guillaume rencontra un vieillard qui, sans être absolument ivre, ne pouvait se diriger en droite ligne sur le trottoir, et dont les petits garçons du voisinage se moquaient en conséquence. En souvenir de son père, Guillaume éprouvait pour la vieillesse une grande considération, même lorsqu’elle était dégradée et bien éloignée des vertus austères qui ennoblissaient