Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/214

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Elle garda un moment le silence, puis elle dit lentement et tristement :

— Il m’a écrit presque tous les jours, mais je n’ai pas répondu à une seule de ses lettres.

Il n’était pas nécessaire de demander de quoi traitaient les lettres ; il n’était pas difficile de deviner quel effet elles devaient produire.

Ces lettres qui arrivaient régulièrement tous les jours (c’était une passion bien vive qui pouvait porter lord Erlistoun à faire régulièrement tous les jours la même chose), ces lettres venant d’un jeune homme dans toute la fraîcheur, toute la poésie, toute l’énergie de la jeunesse !

J’étais debout près de la cheminée, je me taisais ; je regardais dans la glace des traits qui m’étaient familiers, bien connus aussi dans les entrepôts et à la Bourse de Liverpool ; et derrière, dans le fond, le visage enflammé de ma pauvre Jeanne. Enfin elle se détourna et cacha sa tête sur le coussin du canapé.

— Aidez-moi, Marc ! J’ai été très malheureuse.

Je pris une chaise, je m’assis en face du foyer, en lui tournant le dos, et je dis je ne sais quoi ; puis j’attendis en vain. Ma mère me cria de l’escalier :

— Marc, il est temps d’aller se coucher, regardez si la maison est fermée.