Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/215

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J’allai à la porte du salon pour lui répondre et l’empêcher d’entrer.

— Voyons, Jeanne, dites-moi ?

Elle me dit ce que j’avais craint, ce à quoi je m’attendais. Il n’est pas nécessaire de rapporter exactement ses paroles ; d’ailleurs elle n’expliqua guère autre chose que ce simple fait qu’elle aurait pu devenir lady Erlistoun.

— Je croyais que vous y aviez pris garde.

— Précisément, voilà le mal. C’est la faute de mon orgueil, de ma misérable confiance en moi-même. Je croyais lui faire du bien, je voulais lui faire du bien, il me plaisait parce que je lui plaisais. Mais je n’avais pas pensé !… ô Marc ! si j’ai eu tort, je suis bien punie !

Punie ! Ainsi, quoique ses lettres arrivassent tous les jours, quoiqu’il eût persuadé par quelque moyen incompréhensible à la grande dame, sa mère, d’avoir la condescendance de voir et d’examiner celle qu’il avait choisie, il n’y avait rien à craindre. Je l’avais bien jugée. Notre Jeanne n’épouserait jamais lord Erlistoun.

— Je sais que cela ne durera pas, et il est trop jeune. Plus tard, ce sera pour lui comme un rêve. Et peut-être, après tout, lui aurai-je fait du bien. Ai-je eu grand tort, Marc ?

Je ne cherchai pas, par une fausse complai-