Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/271

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sous tous les autres rapports lady Émily eût cessé d’être une enfant. Elle avait appris à avoir une volonté et un jugement à elle, et à les exercer de mille manières, comme il est facile à une femme de son rang et de sa fortune d’exercer le véritable droit des femmes, l’influence personnelle. C’était une charmante et aimable créature, à côté de son exquise fraîcheur, je m’imaginai quelquefois que Jeanne était un peu fanée, un peu âgée.

— Jeanne fanée ? Jeanne vieillissant ? me disais-je. En regardant le visage qu’il aime, est-ce avec effroi ou avec une solennelle et profonde tendresse qu’un homme doit penser à ce que sera ce visage quand il deviendra vieux ?

Un autre hiver s’écoula, un autre été ; à l’automne, il y aurait deux ans que mon père était mort.

Deux ans ! Était-ce une autre chronologie que ce souvenir de mort qui fit quitter à Jeanne ses robes noires ? Ses yeux s’illuminèrent, son pas devint plus léger. Volontairement ou involontairement, elle espérait évidemment, si elle ne croyait pas.

Vers ce temps-là, je reçus moi-même une lettre de lord Erlistoun.

Il m’exprimait son extrême regret que des circonstances dont miss Dowglas était informée (il lui écrivait par le même courrier) l’empêchassent de