Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/31

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m’entretiendrai bien avec quelques journées ; ce serait une drôle de manière de l’obtenir que de quitter Manchester.

— Oh ! ma mère, elle est si douce, si bonne, c’est une vraie sainte ; le mal n’a jamais approché d’elle, et comment pourrais-je lui demander de m’épouser, sachant ce que nous savons sur Lisette, et craignant ce que nous craignons ? Je ne sais même pas si elle pourrait jamais penser à moi ; mais si elle savait l’histoire de ma sœur, ce serait un abîme entre nous, et elle frémirait à la seule pensée de le traverser. Tu ne sais pas ce qu’elle vaut, mère ?

— Guillaume ! Guillaume ! si elle est aussi bonne que tu dis, elle a pitié des malheureuses comme Lisette. Si elle n’en a pas pitié, c’est une Pharisienne, et tu n’as pas besoin d’elle.

Guillaume secoua la tête ; il soupira, et pour cette fois la conversation en resta là.

Mais une nouvelle idée surgit dans l’esprit de madame Leigh. Elle se dit qu’elle irait voir Suzanne Palmer, et qu’elle lui dirait un mot pour Guillaume, en lui apprenant la vérité au sujet de Lisette ; suivant la pitié qu’elle témoignerait pour la pauvre pécheresse, elle serait ou non digne de Guillaume. Elle résolut d’y aller le lendemain, sans rien dire à personne de son projet. Elle tira