Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/36

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qu’elle apprît un peu la vie. Elle était jeune, elle avait envie de voir le monde, et son père entendit parler d’une place à Manchester. Je ne veux pas vous fatiguer, mais la pauvre fille s’est égarée, et la première chose que nous en ayons apprise, ça été par une lettre de son père, que la maîtresse a renvoyée en disant qu’elle avait quitté sa place, ou pour mieux dire que son maître l’avait mise à la rue, dès qu’il avait appris sa situation ; et elle n’avait pas dix-sept ans !

Elle fondit en larmes, Suzanne pleurait aussi. La petite fille les regarda, et saisie de leur chagrin, commença à gémir et à se lamenter. Suzanne la prit doucement dans ses bras, et cachant son visage contre le petit cou de l’enfant, elle essaya de retenir ses larmes et de chercher à consoler la mère. Enfin, elle dit :

— Où est-elle maintenant ?

— Je n’en sais rien, ma fille ! répondit madame Leigh, étouffant ses sanglots pour communiquer ce second malheur. Madame Lomax m’a dit qu’elle était allée…

— Quelle madame Lomax ?

— Celle qui demeure dans la rue Brabazon. Elle m’a dit que la pauvre enfant était allée de chez elle à l’hôpital. Je ne veux pas mal parler des morts ; mais si son père m’avait laissée aller… Il