Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est la mère, dit-elle.

— Pourquoi n’a-t-elle pas même soigné son enfant ? demanda-t-il avec un mouvement de colère.

Mais Suzanne dit seulement :

— La petite couchait avec moi. C’est moi qui l’ai quittée.

— Je vais aller préparer une potion calmante ; pendant mon absence, il faut la coucher.

Suzanne prit du linge dans son armoire et déshabilla doucement le corps immobile et sans force. Il n’y avait d’autre lit dans la maison que celui de son père. Elle souleva donc doucement le cadavre de son enfant chérie, et elle allait l’emporter au rez-de-chaussée quand la mère ouvrit les yeux, et, voyant ce qu’elle faisait, elle dit :

— Je ne suis pas digne de la toucher, je suis trop mauvaise ; je vous ai parlé comme je n’aurais jamais dû faire ; mais je sais comme vous êtes bonne, ne pourrais-je pas tenir un peu mon petit enfant dans mes bras ?

Sa voix formait un si étrange contraste avec ce qu’elle était avant l’attaque de nerfs, que Suzanne eut peine à la reconnaître, tant elle était devenue douce et suppliante ; les traits avaient également perdu leur expression farouche et semblaient calmes comme la mort. Suzanne ne pouvait