Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/65

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retourna, tout heureux de se voir sûr d’être aimé ; il la prit dans ses bras et l’embrassa :

— Ma Suzanne ! dit-il.

Cependant la mère veillait en haut sur son enfant.

Il était tard dans l’après-midi quand elle se réveilla, car le narcotique qu’elle avait pris était énergique. Dès qu’elle ouvrit les yeux, son regard se fixa sur sa mère, comme si elle eût été fascinée. Madame Leigh ne se détourna pas, ne bougea pas. Il lui semblait qu’en remuant elle détruirait son empire sur elle-même ; mais au bout d’un instant, Lisette s’écria d’une voix déchirante :

— Ma mère, mère, ne me regarde pas ! J’ai fait trop de mal.

Et cachant sa figure, elle se voilait avec les couvertures, puis elle resta sans mouvement comme si elle était morte.

Madame Leigh s’agenouilla près du lit, et dit de sa voix la plus douce :

— Lisette, mon enfant, ne dis pas cela. Je suis ta mère, ma chérie, n’aie pas peur de moi. Je t’aime toujours, Lisette. J’ai toujours pensé à toi. Ton père t’a pardonné avant de mourir.

Lisette tressaillit un peu, mais sans rien dire.

— Lisette, mon enfant, je ferai tout pour toi, je ne vivrai que pour toi ; seulement n’aie pas peur