Page:Gaston Paris, lepetit poucet et la grande ourse, 1875.djvu/13

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cinq grandes planètes leur semblèrent particulièrement avoir quelque chose de divin : au milieu de l’immobilité des étoiles, elles seules se mouvaient, et leur course paraissait naturellement volontaire avant qu’on en eût constaté la régularité et calculé les variations. Avec le soleil et la lune, doués du même mouvement les cinq grandes planètes constituèrent donc l’heptade sacrée des Babyloniens, heptade qui domina non-seulement leur culte, mais plus tard leur science, et qui s’est conservée jusqu’à nos jours dans notre semaine, à chacun des jours de laquelle préside en réalité une des planètes : les noms des dieux assyriens, changés par les Grecs, suivant leur usage, en ceux des dieux helléniques, puis transposés de nouveau par les Romains, ont disparu dans cette double transformation ; mais les noms de leurs remplaçants latins désignent encore pour nous cinq jours au moins de la semaine, tandis que chez les peuples germaniques, subissant une traduction nouvelle, ils sont détrônés par ceux des vieilles divinités tudesques. C’est un des cas, devenus moins rares depuis les belles découvertes contemporaines, ou notre civilisation se reconnaît l’héritière de ces antiques sociétés orientales qu’on croyait mortes sans avoir laissé de