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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/112

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Chapitre neuvième.
Du sanglier et de toute sa nature.


Sanglier est assez commune beste ; si ne me convient jà dire de sa faisson ; quar pou de gens sont qui bien n’en ayent veuz. C’est la beste du monde qui a plus fortes armes et qui plus tost tuerait un homme ou une beste ; ne il n’est nulle beste qu’il ne tuast seul à seul, plus tost que elle ne feroit luy ; ne lyon, ne liepard, si donc il ne li saillaient sur l’eschine, là où il ne peust avenir à se revenchier de ses dens. Quar lyons ne liepardz ne tuent mie un homme ne une beste en un coup, comme il fet ; quar il convient qu’ils tirent et esgratignent des ongles et mordent aux dens ; et le sanglier tue d’un coup, einsi comme on feroit d’un coutel ; et pource l’aroit plus tost tué qu’il n’aroit luy. C’est une orguilleuse et fière beste et périlleuse ; quar j’en ay veu aucune fois moult de maulx avenir. Et l’ay veu férir homme dès le genoill jusque au piz[1],

  1. Piz poitrine, du latin pectus.

    « Tristan le prent entre ses bras, et quand il la tint seur son pis, il dist si haut que tuit cil de céans l’entendirent : Des ore ne me chaut quant je muire, puis que je ai ma dame avoec moy. »

    Le Livre de Tristan et de la reine Iseult. Manuscrit de la Bibliothèque royale, anciens fonds, 6775.