Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/119

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Chapitre dixième.
Du loup et de toute sa nature.


Lou est assés commune beste : si ne me convient jà dire de sa faisson ; quar pou de gens sont qui bien n’en ayent veu. Ilz vont en leur amour ès louves, en février, et font en la manière que font les chiens ; et sont en leur grant chaleur xi ou xii jours.

Et quant une louve est chaulde, s’il ha loups en païs, ils vont tous après elle, comme font les chiens après une lisse quant est chaude ; mes james nul ne l’alinhera fors que un. Elle fet en telle manière que elle pourmenera les lous vi ou viii jours sanz mengier et sanz boire et sanz dormir ; quar ils ont tant le couraige à elle, que ne leur chault de mengier ne de dormir. Et quant ils sont bien las, elle les leisse bien reposer jusques tant qu’ils sont endormis, et puis grate du pié et esveille celluy qui li semblera qui plus l’ait amée et plus ait travaillé pour elle ; et s’en vet loinh d’iqui et se fait alinher à lui ; et pour ce, dit-on, quant aucune femme fet aucun mal, que elle ressemble la louve, pource que elle se prent au plus let et au plus mescheant. Et c’est vérité que la louve se prent au plus let et plus mescheant ; quar pource qu’il a plus travaillé et plus jeuné que n’ont les autres, est il plus povre, plus megre et plus mescheant ; et c’est la cause pourquoy on le dit. Aucunes gens dient que james lou ne